Que sais-je sur le commerce équitable ?

Pourquoi le commerce équitable ?

56 % de la population mondiale vit actuellement dans la pauvreté : 1,2 milliard de personnes vit avec moins de 1.05 euro par jour et 2,8 milliards d’autres vivent avec 2.1 euros par jour.
Tels sont les chiffres alarmants publiés par la Banque Mondiale dans son enquête menée sur une période de 10 ans.
La mondialisation financière comme celle de la production ont accru les déséquilibres tant entre pays riches et pauvres qu’à l’intérieur des pays mêmes : le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) le rappelait dans son rapport de l’année dernière : 1,3 milliard d’habitants des pays les plus pauvres est 86 fois moins riche que les Nord Américains. Ce rapport était de 22 il y a 40 ans.

Alors que les débats sur la mondialisation occupent de plus en plus de place dans l’actualité française, les petits producteurs et artisans du Sud restent soumis à une pression sauvage des lois du commerce.

Les matières premières, qui font vivre une grande partie des salariés et producteurs du Sud, voient leur cours, sur le marché mondial, s’affaiblir d’année en année. Par exemple : le cours du café a atteint 0.55 euro la livre en octobre 2001 alors qu’il était de 1.69 euro en mars 1998.

Pour les producteurs la pression des intermédiaires (multinationales, commanditaires, groupes industriels) est de plus en plus forte : les prix et les conditions d’achat sont imposés. Pression d’autant plus écrasante pour les petits producteurs qui n’ont pas d’accès direct au marché mondial. Dans ces conditions, un petit paysan ou artisan ne peut vivre dignement de son travail. Il est couramment obligé de travailler dans des conditions comparables à l’esclavage, faire travailler ses enfants, et renier son environnement social, économique, écologique et culturel.

Qui sont les acteurs du commerce équitable ?

LES PRODUCTEURS

Il s’agit de paysans ou d’artisans. Ils peuvent être indépendants et exercer dans le cadre familial ou associés à des structures organisées démocratiquement : coopératives. Ils sont marginalisés soit à cause de facteurs économiques ou géographiques, soit à cause du manque d’expérience ou de ressources disponibles.

LES IMPORTATEURS

Les importateurs sont généralement des associations de solidarité internationale qui établissent directement des partenariats à la fois commerciaux et d’aide au développement (préfinancement,…) avec les producteurs. Certaines entreprises choisissent également d’utiliser des produits du commerce équitable comme matières premières.

LES DISTRIBUTEURS

Boutiques spécialisées, grande distribution, CHR, magasins bio et d’alimentation naturelle.
La distribution se fait de deux façons. La manière traditionnelle est la vente des produits par l’association importatrice elle-même dans des boutiques spécialisées (en brique ou en ligne) ou sur des stands lors d’évènements particuliers. Depuis l’invention du label équitable en 1988, on trouve également des produits du commerce équitable dans les supermarchés.

LES CONSOMMATEURS

Le consomm’Acteur considère que consommer ne doit pas être un acte passif, mais plutôt être constructif. Il se saisit de son pouvoir (d’achat) et l’exerce de façon responsable pour encourager les initiatives qu’il veut soutenir et éventuellement boycotter les entreprises dont il réprouve les pratiques.
Les choix que nous faisons en consommant des produits certifiés équitables ont un impact global important sur les petites économies paysannes. En tant que consommateurs, nous avons un très grand pouvoir sur les multinationales. En effet, nous pouvons contribuer à changer les règles du marché :

  • En décidant d’acheter des produits qui respectent des normes environnementales et humanitaires.
  • En exigeant des compagnies des codes de conduite qui honorent les droits de la personne.

Le mouvement pour le commerce équitable en est un de gens conscients de leur pouvoir d’achat et qui expriment, par des gestes quotidiens, leur volonté de changer le monde…Et ça marche !

LABELLISATION

La fédération internationale des organismes certificateurs (FLO – Fair Trade Labelling Organizations, www.fairtrade.net) est garante de la crédibilité du label Max Havelaar, en définissant un cadre indépendant et transparent de certification de développement économique et social.

Dans cette optique, FLO :

  • s’assure de la conformité des produits par rapport aux standards du commerce équitable
  • vérifie la bonne utilisation (à des fins de développement économique et social) des bénéfices générés par le commerce équitable
  • contrôle les paiements effectués aux producteurs par les détenteurs de licence du label
plateforme pour le commerce equitable

En France, la Plate-Forme pour le Commerce Equitable regroupe différents types de structures :

  • Importateurs : SolidarMonde, Artisal                                                              
  • Importateurs-détaillants : Artisanat-SEL (VPC), Azimut-Artisans du Népal, Andines, Alter Eco, Boutic Ethic, Artisans du Soleil, Sira Kura, commercequitable.com, Equiterre, Idéo, Andira, Guayapi Tropical, Ethik.org et Lilah Distribution.
  • Boutiques : Artisans du Soleil, Ti ar Bed, Artisans du Monde (plus de 120 boutiques), El Market.
  • Associations de promotion : Aspal (Association de Solidarité avec les Peuples d’Amérique Latine), Yamana.                          
  • Association de labellisation : Max Havelaar.                                                       
  • Structures de solidarité : Echoppe (ECHanges pour l’Organisation et la Promotion des Petits Entrepreneurs), Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement, Ingénieurs Sans Frontières.
  • Acteurs du Commerce équitable 
    Au total, ce sont 27 membres acteurs et 4 membres sympathisants qui constituent aujourd’hui la Plate-Forme. Une vingtaine d’autres structures sont actuellement candidates à la PFCE.

Quand ? Historique du commerce équitable

1834 : « Nous vous avons excité à combattre les mauvais effets de la concurrence illimitée […] Vous avez compris que la franchise et l’équité auront bientôt pris la place de la fraude et du mensonge qui rendent si peu agréables les rapports entre les hommes … » Journal ‘L’Indicateur’, numéro 18, 18 Janvier 1835.

1860 : édition originale de Max Havelaar ou les ventes de café de la Compagnie commerciale des Pays-Bas par Multatuli. Il devient un classique de la littérature anticolonialiste. L’auteur de son vrai nom Edouard Douwes Dekker (1820-1887) fut administrateur colonial en Insulinde. On peut notamment y lire : ‘Ils sont très rares, très rares, les Européens qui ne croient pas inutile de condescendre à observer les émotions de ces outils à produire le café ou le sucre que l’on nomme ‘les indigènes’.

Fin des années 1950 : l’ONG anglaise Oxfam développe l’idée de vendre des produits réalisés par des artisans en difficulté dans le tiers-monde en leur garantissant ainsi des revenus réguliers.

1957 : de jeunes catholiques créent, dans le sud des Pays-Bas, une association en vue d’importer des produits du tiers-monde.

1964 : Oxfam décide de créer une société commerciale (qu’elle possède intégralement) pour gérer ses activités commerciales (principalement vente de produits venant du tiers-monde).

1964 : à Genève, lors d’une réunion de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement, les pays du Sud insistent sur la nécessité d’échanges justes (‘le commerce, pas l’assistance’, ‘Trade not aid‘).

1969 : ouverture du premier Magasin du monde aux Pays-Bas.                                                                                                                          
1988 : création de la certification Max Havelaar.                                                                                                                                       
1989 : des organisations commerciales non conventionnelles opérant en Afrique, en Asie, en Australie, au Japon, en Europe, en Amérique du Nord et en amérique du Sud créent la Fédération Internationale du Commerce Alternatif (IFAT, ‘International Federation for Alternative Trade’). Elle s’est fixé pour objectif de promouvoir le commerce équitable et de jouer le rôle d’une enceinte propice à des échanges d’informations.

1990 : l’association européenne du commerce équitable (EFTA, ‘European Fair Trade Association) est reconnue comme fondation européenne après avoir été créé en 1987.

1992 : création du label Transfair international à l’initiative de EFTA et de Transfair Allemagne.

1994 : un réseau des Magasins du Monde (magasins vendant des produits du commerce équitable) s’est créé en Europe. Ce réseau s’appelle NEWS (Network of European World Shops) et il regroupe les fédérations des Magasins du monde dans quinze Etats européens (dont tous les Etats membres de l’Union, à l’exception du Luxembourg, du Portugal et de la Grèce mais la Suisse en est membre).

1997 : création de FLO (Fair Trade Labelling Organisations International). Il est chargé de coordonner les initiaitves en matière d’homologation au titre du commerce équitable, d’élaborer des critères internationaux de commerce équitable pour chaque produit et de coordonner la surveillance requise pour faire en sorte que ces critères soient respectés par les commerçants et par les producteurs.

1997 : création de la Plateforme française pour le Commerce équitable, elle compte une trentaine de membres. Elle regroupe une dizaine de structures de commerce équitable en France : Andines, Artisans du Soleil, Artisal, l’Aspal, Artisanat-SEL, Fédération Artisans du Monde, SolidarMonde, le CCFD et Max Havelaar France. D’autres organisations telles que des boutiques et des structures de solidarité internationale et d’éducation au développement sont également membres de la Plate-forme. Cette Plate-forme poursuit l’objectif général de promouvoir et de consolider le commerce équitable en France.

1998 : Les principaux organismes internationaux du commerce équitable se sont regroupés pour constituer une structure informelle appelée FINE.

2004 : Création de L’épicerie équitable 😉

Comment s’organise le commerce équitable ?

schema commerce equitable

Il existe aujourd’hui en France près de 6000 points de vente qui proposent des produits équitables portant le label Max Havelaar. Le nombre des boutiques spécialisées a été multiplié par quatre en deux ans.

70% des volumes sont commercialisés dans la grande distribution. 48 brûleries sur 700 torréfient du café équitable. 17 sociétés de distribution automatique proposent du café portant le label Max Havelaar.

Une enquête réalisée en 2002 par Alter Eco permet de mieux appréhender la situation du CE en France. Cette enquête montre que 33,75 % des Français ont entendu parler du CE, (ils étaient 9 % en octobre 2000). Ce taux de notoriété est en forte accélération. Ce bond spectaculaire s’explique par un relais soutenu des médias, un travail permanent des acteurs du commerce équitable et d’une certaine réflexion sur les valeurs citoyennes en France. Les Français prennent conscience de la nécessité de payer un prix juste pour rétablir l’équilibre entre le Nord et le Sud.

Le développement du Commerce équitable se traduit par une augmentation du nombre de boutiques ainsi que des volumes de produits vendus en grande surface. En France, la quantité de boutiques spécialisées et la consommation de café labellisé Max Havelaar ont doublé en 5 ans pour atteindre aujourd’hui plus de 120 boutiques et 1000 tonnes de café. Ces variations sont impressionnantes mais les chiffres restent encore inférieurs comparés à ceux de nos voisins européens. Le consommateur français est donc de plus en plus sensible aux problèmes de l’environnement et aux conditions de production dans les pays en développement et choisit de plus en plus cette alternative au commerce mondial dit ‘traditionnel’. Les produits se diversifient et sont de plus en plus accessibles, au plus grand plaisir de ces nouveaux consomm ’acteurs.

Lexique du commerce équitable

EFTA: Fédération des importateurs spécialisés.

FINE : regroupement des 4 fédérations internationales : EFTA, FLO, NEWS, IFAT

FLO : Fairtrade Labelling Organizations. Il regroupe 17 membres situés en Allemagne, Autriche, Belgique, Grande-Bretagne, Danemark, Finlande, France, Italie, Irlande, Japon, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse, USA. C’est le seul organisme international de certification du commerce équitable. Son objectif est de permettre le développement durable des producteurs marginalisés du Sud. www.fairtrade.net LES CONCESSIONNAIRES : Les concessionnaires du label Max Havelaar sont des importateurs et des industriels qui souscrivent aux standards internationaux du commerce équitable par contrat. Ce contrat stipule notamment le versement du prix minimum garanti, des relations directes et durables avec les organisations de producteurs et l’acceptation du contrôle de FLO / Max Havelaar France. Ils versent une redevance pour financer la certification.

MAX HAVELAAR : Apposée sur des produits de consommation courante, le label Max Havelaar offre aux consommateurs la garantie d’un commerce équitable.

MINGA : est une organisation professionnelle et politique engagée dans la production d’une économie de proximité et de qualité, au niveau local comme international, avec pour ligne d’horizon l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

NEWS : Fédération des boutiques spécialisées.

OGM : Organismes Génétiquement Modifiés

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PLATEFORME DU COMMERCE EQUITABLE : Créée en 1997, elle est le seul organisme national de représentation des acteurs du commerce équitable. Elle assure la promotion et la défense du commerce équitable en France.

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